Une sacrée cocotte

written by zozomum 8 juin 2016

Je n’imaginais pas autant me retrouver dans un enfant, avec cette impression de fixer mon reflet et de communiquer dans le silence. Et encore moins avec une enfant de 18 mois. Mais les jours passent et cette connexion se fait de plus en plus présente et prend de la place dans notre foyer.

Elle est le double complice dont je rêvais étant enfant. La malice dans le regard, les sourcils qui frétillent de moqueries et la bouche qui s’ouvre pour rire ou râler. Et cet air si sévère et méfiant …

Papa regarde souvent cette étrange relation d’une mère et son bébé qui se râlent dessus, se disputent et se boudent, pour éclater de rire la minute qui suit. Le doute n’est pas permis, le malaise n’est pas au programme: elle et moi on se comprend. C’est notre façon de s’aimer, sans retenue ni dans l’affection, ni dans le mécontentement. La vision de cette frimousse qui s’obstine me renvoie ma propre image, et si les regards se croisent: le sourire l’emporte toujours.

C’est déstabilisant de voir un bébé si jeune comprendre les nuances et déchiffrer les pensées. Cette enfant me met littéralement face à mes faiblesses.

Et pour rester dans cette relation du « je t’aime tu le sais donc je prends mes aises« , à chaque change j’ai le droit à toutes les nuances de colère. Ce coton humide qui vient lui frotter les fesses ne lui plaît pas du tout. Les reproches fusent, je réplique énervée. Et finalement elle fini dans le bain, les bras croisés, le regard noir et la bouche pincée. Elle ne s’avoue pas vaincue, pas si facilement, pas sans avoir protesté assez fort et longtemps pour sauver l’honneur.

Alors je l’abandonne à sa bouderie, les minutes s’écoulent et les bras restent croisés. Je reviens dans son champ de vision, lançant un regard rendu. Et les coins de la bouche se dérident pour faire apparaître 6 dents et un rire qui me dit « allez , on passe à autre chose ».

Je m’assois près d’elle, et lui glisse quelques mots. » Tu es une sacrée cocotte toi, tu sais?« . Et tout en dandinant ses épaules elle me lance son premier » Oui « .

Un oui franc et malicieux …

Pour le reste c’est environ 678 « NAOON » graves et virulents qui traversent la maison chaque jour. Et presque autant bisous volés pour la punir d’être adorablement insupportable.

Un peu comme sa mère …