J’ai ce besoin de m’isoler. Cette façon de disparaître et de faire l’autruche quand une situation me dépasse ou me fait peur. Ce n’est ni la bonne solution, ni le bon réflexe. Mais c’est moi.
Je crois que tout remonte à l’apprentissage que l’on fait lors de nos premières années. Je pense avoir été une petite fille très sociable pendant un temps. Trop peut être, je recherchais sans cesse la compagnie de ceux qui m’entouraient. Plusieurs facteurs ont fait que finalement j’étais surtout accompagnée de solitude et que je me suis construit ainsi. Elle m’a longtemps fait pleurer, et finalement je l’ai trouvé douillette et pleine de libertés.
J’étais la petite soeur par intérim, celle que l’on embrasse deux fois par an, à qui on offre un bracelet qui vient tout droit du Mexique, ou une petite tirelire en forme de bus Londonien. Celle qui reçoit des courriels venant du Paraguay, qui attend derrière des portes qui s’ouvrent rapidement, et des au revoir à répétitions. La petite soeur d’une autre génération. Celle que l’on met entre parenthèses. Celle sur qui les reproches fusent, à un âge immature.
J’en ai souffert, longtemps, et puis j’ai occulté. Je me suis fait oublier, pour leur bien et pour le mien. J’ai disparu.
Finalement ces traces là, même si on les pense derrière nous, reviennent à la surface un jour. Ils deviennent des réflexes à vie. A chaque incompréhension: je fuis. A chaque malaise: je me cache. Pour ne pas déranger, pour éviter d’envenimer ou juste pour me protéger. Je fais ce que je sais faire de mieux: l’autruche.
Avant on me mettait entre parenthèses, désormais je m’auto-censure.
Réflexe stupide: à vouloir devenir invisible finalement on creuse un fossé qui, lui, est bien présent. J’ai toujours vécu avec cette « place » inutile dans la fratrie. La dernière, loin derrière les autres … j’ai bien du mal à comprendre, qu’aujourd’hui, quelqu’un voudrait m’avoir dans son quotidien (à part mon mari et mes enfants). Même dans mes amitiés je me rends compte que j’ai toujours eu la porte de sortie pas très loin. J’ai toujours eu une marge afin de fuir et d’ éviter la souffrance (énorme erreur).
Je n’arrive plus à être présente, je m’en sens incapable. Ce n’est pas le fait d’en avoir envie ou non, je n’arrive tout simplement plus à m’imposer dans une relation. J’ai toujours ce réflexe de vouloir être transparente, de faire l’autruche, alors que quelqu’un m’attend derrière la porte…
Aujourd’hui on me demande d’être une amie, ou de redevenir une soeur. Je n’ai jamais pu apprendre et parfois j’aimerais le devenir. Puis je rechute et me demande si c’est bien nécessaire d’exister auprès des autres. Je suis consciente du bonheur d’avoir un entourage, des amis, de la famille … mais je connais aussi la sérénité de n’avoir personne à décevoir.
Ca se soigne docteur? Car qu’actuellement je m’en sens totalement incapable … et ça m’embête parce que c’est ma résolution 2017: aimer mieux.
3 comments
Oui, çà se soigne ! Je ne suis pas docteur mais je me suis soignée ;-), et je continue encore. Parfois, je me retire pour me ressourcer, et pour mieux revenir, mais en général j’ai appris à apprécier mon entourage à sa juste valeur.
Il est si beau cet article. Cette façon que tu as de parler de toi et de tes petites contrariétés, cela te rend humaine et adorable. J’ai hâte de te revoir, tu es une fille super chouette !
XOXO LOVE,
Noé
Un article très touchant.. J’ai eu le même sentiment que toi enfant mais pas pour les mêmes raisons (je suis fille unique). Maintenant je cours encore après des gens mais cela ne sert à rien car ils s’en fichent: mon mari me répète souvent d’arrêter, qu’avec ses gens-là cela ne sert à rien. C’est malheureux je trouve.. Et avec ça je m’enferme chez moi, je ne sors qu’en cas d’utilité. Va savoir.. J’espère que j’arriverai à sortir de ma caverne..