Mère au foyer : reste chez toi !

Voilà six ans que j’ai fait le choix d’être une mère au foyer. Pas une mère inactive (qui a déjà vu une mère réellement inactive …), non la drôlesse que je suis cumule les jobs à domicile. Mère au foyer mais salariée quand même. Six ans que ma vie sociale est réduite à …. « Areuh ».

Adieu les collègues déjantées avec qui prendre un verre après le boulot. Adieu les conversations qui ont un sens. Mais c’est mon choix, j’ai décidé de devenir mère au foyer.

Il y a eu un moment où j’ai même cru perdre le don de la parole. Où j’enchainais difficilement deux phrases d’un trait, j’ai alors compris que la solitude commençait sérieusement à me ronger. Qu’elle était mauvaise pour moi. J’avais l’impression de communiquer à travers mon ordinateur, mais voir les phrases prendre  un sens sur page blanche et « communiquer » sont deux choses complètement différentes. Depuis je me soigne, mais parler est toujours un peu … compliqué.

Six ans que ne rate rien du quotidien de mes enfants. Je peux dire sans hésiter « je n’ai rien raté de leurs évolutions ». J’étais là … pour tout ! A la  naissance de Eden j’avais tellement peur de rater les premiers pas de Noam (14 mois), mais finalement il me les a offert quelques jours avant l’accouchement.

Six ans que leur Papa et moi avons décidé de tout vivre avec eux. De vivre notre vie de jeunes adultes en jonglant avec notre rôle de parents. De découvrir avec eux, de grandir avec eux. C’est notre choix.

Devenir maman très jeune c’est s’oublier, ou apprendre à se construire en même temps. Je me pose souvent des « et si », mais la réalité c’est que j’adore grandir avec eux. Ils m’apprennent tous les  jours et je les aurai avec moi plus tard. Grands et forts, ils mèneront la cadence et je serai encore assez jeune pour les suivre, eux et leurs enfants.

Six ans que je les emmène PARTOUT excepté dans les concerts (pour des raisons évidentes) et le cinéma: ils n’ont pas besoin de voir une paire de fesses qui n’est pas la leur ou la mienne avant leur 25 ans. (Une mère poule? Où ça????)

Six ans que nous allons au restaurant, à l’hôtel, en vacances, en soirée, en journée presse, dans des mariages … avec eux. Sans aucun souci. Je crois même qu’ils se tiennent relativement bien, on a souvent des compliments. A défaut de les voir aussi sages à la maison, dehors j’en suis assez fière. Fière de les voir aussi choux et de pouvoir vivre autant de choses avec eux sans hurler comme un putois (ça arrive, t’inquiète).

Six ans qu’ils aiment nous suivre « même dans des endroits de grands » , parce que c’est ça la vie.

La vie ce n’est pas s’abonner à des cafés poussettes dès que notre utérus se met en route. Je ne ressens pas le besoin d’aller ENCORE me coltiner des histoires de popo toute une après-midi, organisée, alors que je le vis H24. Non quand je prends le temps de sortir c’est pour vivre ma vie, leur montrer de la nourriture qu’ils n’ont pas à la cantine, des tables qui ne sont pas à leur taille, des gens qui ne sont pas à leur disposition. Le monde est grand et ils doivent le voir, moi aussi…

Oui je suis mère au foyer et je n’ai pas à le vivre comme un obstacle. Ce ne sont pas des petits virus, j’estime être dans mon droit de les emmener là où je vais.

Alors quand un café provincial, qui a des horaires d’ouvertures très limitées (je n’ai jamais réussi à y aller avec mes amies après leur boulot) n’est pas équipé pour accueillir ma marmaille, ok … je ne demande pas grand chose. En fait ils ont l’habitude de faire sans.

Pas de place pour une poussette? On fait sans! Je me suis retrouvée un peu coincée au moment de boire mon café et ma fille s’est retrouvée au sol, à défaut de finir ébouillantée.

J’ai bien compris que la situation n’a pas plu à quelques personnes qui nous entouraient. Un bébé par terre ça fait tache. Mais ce n’est pas à eux de proposer une chaise haute à leur clientèle? Rien est adapté mais sur la porte il n’y avait pas noté: interdit aux enfants! La vitrine est pleine de muffins au chocolat et de croissants… Bref on a fait sans.

Et puis après un retweet de la mairie qui avait l’air plutôt d’accord avec mon coup de gueule, je me suis laissée entraîner dans une conversation qui m’a … blessée.

Je crois clairement que les personnes qui ne vivent pas notre situation ne peuvent/n’ont pas envie de comprendre que notre choix est légitime. Que non, pour le peu de fois où je réussi à sortir en semaine (avec des enfants qui ont l’habitude) je refuse de m’enfermer dans des cafés poussettes et que je ne suis pas en tort. Depuis quand avoir une famille est un handicap, depuis quand on doit choisir de faire ses courses quand il y a le monde de monde parce que les enfants dérangent?

Depuis quand on a plus le droit de sortir au starbuck parce qu’on a des enfants? C’est trop « branché » pour nous? C’est drôle parce que j’ai tellement l’impression de m’amuser et d’être plus fun avec mes gosses que la plupart des gens qui mangent autour de nous. On rigole, on discute, ils remarquent, j’explique, on se marre. Comme entre potes, mais en mieux!

Alors non, pardon, il y a six ans j’ai décidé d’être mère au foyer et que rien ne me limiterait. Que du moment que mes enfants ne dérangent personne je les emmènerais partout. Que demander une chaise haute compacte à un établissement qui n’est « pas assez grand pour accueillir les handicapés » n’est pas un caprice. Que j’estime avoir le droit MOI AUSSI de sortir de temps à autre avec mes copines, même en présence d’enfants sans avoir à subir des commentaires aussi kitsch et insultants. Et que les établissements pour « jeun’s » sont justement totalement de mon âge!

J’ai décidé d’être jeune, d’être maman, d’être mère au foyer et de VIVRE !

Et tu sais quoi? Je m’éclate ! Ils sont tellement moins prise de tête !

 

 

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